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BANA CONGO
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7 juillet 2009

Violées en prison, elles racontent



Les récits de femmes violées lors de tentatives d'évasions suscitent des inquiétudes dans le monde entier.

Par Charles Ntiricya, Sarah Nsimire et Jacques Kahorha à Goma (AR No. 220, 01-Jul-09)

Les femmes victimes des viols collectifs qui ont eu lieu lors de la tentative d'évasion d'une prison dans l'est de la République démocratique du Congo, RDC, ont parlé à l'IWPR de l'incident qui a provoqué des inquiétudes au sein des Nations Unies et parmi les activistes des droits de l'Homme.

La Mission des Nations Unies en RDC, MONUC, a déclaré que près de 20 femmes avaient été violées et retenues en otage et que plusieurs personnes avaient été tués dans cet incident intervenu à la prison de Muzenze, à Goma, la capitale de la province, dans la nuit du 21 juin.

Les heurts dans la prison étaient intervenus alors même que la MONUC et le ministère congolais de la justice commençaient un atelier de 10 jours à Kinshasa destiné à aider à baliser le chemin pour une réforme globale du système pénitentiaire de la RDC visant à augmenter les standards vers des niveaux internationaux.

Christine est l'une des victimes du viol collectif. Elle dormait lorsqu'elle entendit des coups de feu et le bruit de gens en train d'escalader vers la zone destinée aux détenues. La porte de sa cellule fut détruite avant qu'elle se fasse attaquer.

"J'ai été violée par au moins dix hommes qui m'ont frappée sur les seins avec un fer à béton, m'ordonnant de me coucher de la bonne manière. J'ai crié mais sans secours. Les autres femmes avec qui nous sommes dans la cellule ont connu le même sort. Je souffre énormément," raconte-t-elle.

Les victimes avaient été attaquées dans leurs cellules après qu'un autre groupe de prisonniers armés de grenades, de pistolets et d'AK47 soient passés à travers le mur séparant la section des hommes de celles des femmes. Un policier et un prisonnier avaient été tués et une dizaine d'autres blessés lors de la tentative d'évasion.

Amina, enceinte de cinq mois, a également été violée. Elle s'inquiète que son enfant à naître puisse avoir été blessé. "Le bébé que je porte dans mon sein supportera t-il les conséquences des actes dont je suis victime?" s'interroge-t-elle.

Une autre victime, Marie-Louise, âgée de 64 ans, se demande ce que deviendra le monde si aujourd'hui la société n'a aucun égard, ni respect ni pitié envers les personnes âgées: "Le petit garçon qui m'a terrassé en me violant malgré moi peut avoir le même âge que mon petit-fils", a-t-elle dit.

Muzenze est une épave en ruines de l'époque coloniale destinée à recevoir quelques 200 prisonniers, mais qui en accueille aujourd'hui plus de 800. Les conditions sont épouvantables et la violence y compris le viol y est courante alors que les prisonniers vivent dans la crasse avec très peu de vivres ou de médicaments. Nombreux sont en détention préventive depuis des années et les tensions sont souvent élevées.

"C'est une terrible illustration à la fois des conditions de vie dans la prison et du niveau de violence sexuelle qui frappe la RDC," a déclaré Ban Ki-Moon, le Secrétaire général de l'ONU dans un communiqué suite au saccage.

Il a exhorté le gouvernement congolais "à lancer une réforme des prisons pour s'assurer de la conformité avec les standards internationalement reconnus dans le traitement des détenus, y compris la séparation des hommes et des femmes".

Les victimes de viol ont été emmenées pour des soins médicaux d'urgence à HEAL Africa, qui soigne et soutient les victimes de violence sexuelle dans l'est de la RDC.

La police de la RDC et l'armée, avec l'aide de la MONUC avaient finalement repris le contrôle de Muzenze. Aucun prisonnier ne s'était échappé, mais Muzenze fut laissée dans un état pire que jamais avec des murs ayant perdu des briques et des portes et fenêtres détruites.

Joseph Mirindi, le directeur de la prison, a indiqué qu'il s'agissait de soldats détenus à Muzenze depuis plus de deux ans sans avoir encore été jugés qui avaient essayé de s'échapper.

Il a expliqué qu'il avait été très choqué par cet incident et a indiqué qu'il militait depuis longtemps pour une meilleure séparation entre les femmes et les hommes et une diminution dans le nombre de prisonniers pour combattre la surpopulation.

Le personnel de prison étant largement impayé et mal traité, il est facile de faire passer des armes telles que celles qui ont été utilisées lors de l'attaque du 21 juin à Muzenze.

Les visiteurs emmènent des articles interdits de plusieurs manières. Parfois les armes sont cachées dans les couches des bébés, alors que les clous, couteaux et grenades sont aussi apportés dans la nourriture. La prison a peu d'argent pour nourrir les prisonniers qui comptent alors sur les personnes à l'extérieur de la prison pour leur amener des vivres.

Souvent, apporter des armes à Muzenze est aussi simple que d'attendre jusqu'à la tombée de la nuit pour les faire passer par les trous des murs en décomposition.

La plupart des victimes des viols de Muzenze ont été ramenées en prison. Mais beaucoup demandent à être libérées, indiquant que la barbarie dont elles ont souffert alors qu'elles étaient entre les mains du système pénitentiaire était de loin pire que les crimes qu'elles ont commis. Elle ne croient pas que de telles attaques ne vont pas se reproduire.

"Emprisonnées par l'État, nous avons été sexuellement violées dans les mains de l'État," a déclaré l'une d'elles. "Pourquoi devrions nous être encore gardées par l'État?"

La présidence de l'Union européenne a émis une déclaration indiquant qu'elle était "sérieusement préoccupée" par les cas de viol commis à Muzenze.

"L'UE appelle à ce qu'un soutien médical et psychologique adéquat soit donné aux victimes des émeutes, en particulier aux femmes qui ont été violées, et aux enfants accompagnants qui ont été affectés. L'UE a également appelé à ce que des sanctions adéquates soient prises contre les auteurs," a-t-elle indiqué dans une déclaration.

Human Rights Watch, HRW, une organisation faisant campagne pour la défense des droits de l'Homme basée à New York, a accusé les autorités de la RDC d'ignorer les appels visant à améliorer l'infrastructure carcérale en décomposition et de ne pas protéger les prisonnières.

"Le viol des prisonnières dans une institution gouvernementale est absolument lamentable," aurait déclaré Anneke Van Woudenberg, chercheuse principale sur le Congo auprès de HRW.

"Il s'agit là d'un horrible exemple de ce qui se passe au sein du système pénitentiaire dans tout le Congo."

Charles Ntiricya, Sarah Nsimire et Jacques Kahorha sont des journalistes formés par l'IWPR à Goma.


Femmes-soldats ont problèmes de réintégration-témoignage


Par Rachel Irwin à La Haye

Le procès de Thomas Lubanga à la Cour pénale internationale, CPI, a été marqué cette semaine par un témoignage relatant que les jeunes recrues féminines avaient trouvé difficile de se réintégrer à la société après avoir quitté l'Union des patriotes congolais, UPC.

La plupart des filles avaient été violées par les commandants au sein de la milice de Lubanga, tombant souvent enceintes.
"Les filles sont les personnes les plus vulnérables parmi les enfants soldats," a déclaré le témoin protégé, qui travaillait dans un centre de réintégration pour anciens enfants soldats en République démocratique du Congo, RDC.

"Certaines filles sont revenues [de la milice] avec des bébés," a-t-il ajouté.

Le témoin parlait français, sa voix et son visage étant brouillés. La plus grande partie de sa déposition a eu lieu à huis clos.
Lubanga est accusé du recrutement, de la conscription et de l'utilisation d'enfants soldats de moins de quinze ans pour les faire participer dans les conflits ethniques qui ont fait rage dans la région de l'Ituri en République démocratique du Congo, RDC, en 2002 et 2003.

Outre le viol et la grossesse, de nombreuses filles ayant témoigné ont eu des résultats positifs à des tests d'infections sexuellement transmissibles, a indiqué le témoin. En résultat, les anciennes filles soldats étaient souvent stigmatisées par leurs communautés, et très peu d'entre elles eurent la capacité d'y retourner.

"La honte qui vient avec tout cela [et] le rejet par la communauté...ont tendance à rappeler à une fille la situation qu'elle a enduré," a expliqué le témoin.

Sans moyens financiers, un grand nombre de ces filles se sont tournées vers la prostitution pour survivre. Cela les a encore plus ostracisées aux yeux de l'extérieur, a-t-il dit.

Dans un autre développement intervenu cette semaine, un témoin qui avait admis avoir donné de fausses informations aux enquêteurs a requis que sa nouvelle déclaration soit gardée confidentielle, même pour Lubanga.

Le témoin, identifié par le nombre 15, avait avoué aux juges le 19 juin qu'une grande partie de sa déposition initiale aux enquêteurs avait été inventée.
Le juge Adrian Fulford avait décidé qu'il devait fournir à la Cour une nouvelle déclaration fidèle aux faits - cette fois-ci en présence de son propre avocat et des avocats de Lubanga.

Bien qu'il ne soit toujours pas clair si ou quand le témoin 15 reviendra pour témoigner, son avocat commis d'office a requis que la nouvelle déclaration soit tenue secrète de Lubanga, énumérant des raisons de sécurité.

La défense a trouvé cette demande inacceptable. "La confidentialité au regard du public, ce n'est pas un problème," a déclaré Catherine Mabille, l'avocate principale de Lubanga. "La confidentialité par rapport à la défense c'est impossible."

Fulford a répondu que seules des circonstances exceptionnelles garantiraient une confidentialité totale. Il a expliqué qu'il n'était pas "correct" pour les juges d'ordonner que la déposition soit tenue secrète de l'accusé, en particulier étant donné qu'elle avait été donnée en présence des ses avocats.

Cependant, la Cour prendrait, "toutes les mesures nécessaires" pour protéger le témoin et sa famille, a déclaré Fulford.

Rachel Irwin est reporter de l'IWPR à La Haye. Ses mises à jour quotidiennes sur le procès Lubanga sont disponibles sur le site www.lubangatrial.org <
http://www.lubangatrial.org/> .



Un témoin: le viol, un acte courant au sein des milices


Par Rachel Irwin à La Haye

Les jeunes femmes recrues étaient fréquemment violées par les commandants au sein de la milice de Thomas Lubanga, comme l'a expliqué un ancien soldat de l'Union des patriotes congolais, UPC, devant la Cour cette semaine.

"Je voyais des femmes être prises par la force," a déclaré le témoin, qui entraînait des jeunes recrues au centre de Mandro, à quelques 20 kilomètres de la ville de Bunia en Ituri. "C'est ce que j'ai vu."

Nombre de ces femmes étaient des jeunes filles qui tombaient ensuite enceintes de leurs commandants, a déclaré le témoin.

"Les filles étaient prises par [les commandants] et tombaient enceintes, puis elles devaient quitter le camp et [revenir] au village," a déclaré le témoin, qui parlait en Swahili, son visage et sa voix étant camouflés.

Lubanga est accusé du recrutement, de la conscription, et de l'utilisation d'enfants soldats, définis comme combattants de moins de quinze ans, dans les conflits ethniques qui ont fait rage dans la région de l'Ituri en République démocratique du Congo (RDC) en 2002 et 2003.

Le témoin fait partie des nombreux témoins à avoir parlé du viol des jeunes femmes recrues. Les filles, a-t-il dit, n'avaient pas d'autre choix que de se soumettre aux commandants.

"Il fallait obéir aux ordres que vous le vouliez ou non," a expliqué le témoin. "Les recrues n'étaient pas considérées comme des êtres humains, alors si quelqu'un - une fille - était prise par un commandant ...cela devait être accepté."

Certaines des filles enceintes étaient âgées d'à peine 14 ou 15 ans, a estimé le témoin.

Il a aussi relaté avoir vu des enfants de cet age, garçons et filles, participer aux combats pour la prise de Mongbwalu, une ville du nord de l'Ituri connue pour ses mines d'or.

"Savez vous si les enfants utilisaient leurs armes?" a demandé le procureur Manoj Sachdeva.

"Quand vous participez à une bataille, vous devez vous battre," a répondu le témoin. "[Les enfants] utilisaient des armes."

L'UPC n'avait pas gagné cette bataille initiale à Mongbwalu, a déclaré le témoin. Le témoin a expliqué qu'après que la milice soit revenue à ses quartiers généraux de Bunia, il avait surpris des officiels de haut rang, y compris Lubanga, en train de discuter d'une deuxième attaque sur la ville.

"Que disait Thomas à la réunion?" a demandé Sachdeva.

"Tout ce qu'il faisaient, c'était de répéter le nom de Mongbwalu," a répondu le témoin, qui a ajouté qu'il avait reçu l'instruction de monter la garde en dehors de la pièce où la réunion avait eu lieu.

Deux jours plus tard, a expliqué le témoin, l'UPC était revenue à Mongbwalu pour reprendre le combat. La milice avait eu du succès cette fois-là, a-t-il dit, et les soldats avaient pillé la zone pendant toute une semaine après cela.

Au cours du contre-interrogatoire, les avocats de la défense ont interrogé le témoin sur la raison de savoir pourquoi il avait à plusieurs reprises caché son arme après avoir quitté l'UPC.

"Si vous étiez pris avec votre arme, ils vous la prenaient et vous étiez arrêté," a expliqué le témoin à Marc Desalliers, un des avocats de Lubanga.

Le témoin n'a pas expliqué en session ouverte comment ou pourquoi il avait quitté l'UPC. Mais après avoir quitté la milice, il avait décidé d'enterrer son arme et de se débarrasser de son uniforme.

"J'ai mis [l'uniforme] dans un sac en plastique et puis je l'ai jeté [dans une rivière]," a indiqué le témoin.

Poussé, à s'expliquer sur la raison de savoir pourquoi il n'avait pas aussi jeté son arme, le témoin a répondu qu'une arme était "un objet précieux qui doit être conservé."

"Votre arme est restée enterrée pendant deux ans, est-ce correct?" a demandé Desalliers.

"Oui, parce que quand je me déplaçais, je prenais mon arme avec moi," a déclaré le témoin. "Je l'enveloppais et je la cachais dans le sol."

Le témoin a expliqué qu'il avait fini par échanger son arme pour de l'argent et des vêtements, apparemment auprès d'une organisation non gouvernementale dans la région de l'Ituri.

Entre-temps, la cour a appris cette semaine qu'un précédent témoin, qui avait fourni une fausse déclaration aux Procureurs, pourrait revenir.

Catherine Mabille, avocate principal de Lubanga, a indiqué aux juges qu'une nouvelle déposition avait été obtenue du témoin 15, et qu'il pouvait être à la disposition de la Cour à partir de mardi prochain.

Rien ne permet de dire pour l'instant si l'Accusation va rappeler le témoin 15 à la barre.

Interrompant le procès par surprise cette semaine, Lubanga s'est levé en audience pour se plaindre au sujet d'une personne assise dans la galerie du public.

"J'ai des difficultés avec le comportement de quelqu'un dans le public et j'ai l'impression qu'il veut faire un dessin de moi," a expliqué Lubanga au juge président Adrian Fulford. "Il m'a été impossible de me concentrer depuis le début."

"Je vois bien que cela vous dérange beaucoup," a déclaré Fulford, qui a ensuite ordonné que cette personne dans la galerie cesse immédiatement ce qu'elle était en train de faire.

Rachel Irwin est reporter de l'IWPR à La Haye. Ses mises à jour quotidiennes sur le procès Lubanga sont disponibles sur le site www.lubangatrial.org <
http://www.lubangatrial.org/


Les milices décrient la loi d'amnistie du Kivu

Les milices déclarent que le partage des pouvoirs et la protection gouvernementale sont aussi nécessaires pour garantir la paix.

Par Jacques Kahorha à La Haye et Désiré-Israël Kazadi en RDC (AR No. 218, 17-June-09)

La nouvelle loi d'amnistie prévue pour les combattants des provinces ensanglantées de l'est de la République démocratique du Congo, RDC, présente un certain nombre de défauts et ne résoudra pas les problèmes à long terme de la région, indiquent des avocats des droits de l'Homme.

Certains bénéficiaires de la loi pensent aussi qu'elle ne va pas assez loin et qu'en l'absence d'un partage du pouvoir politique et d'une meilleure sécurité, la région pourrait replonger dans la guerre.

Au début du mois de mai, le président congolais Joseph Kabila avait signé une loi accordant le pardon aux combattants pour les violences liées à la guerre commises au Nord Kivu tout comme au Sud Kivu entre juin 2003 et le 7 mai 2009, date de l'entrée en vigueur de la loi. Celle-ci exclut le génocide et d'autres crimes internationaux tels que les crimes contre l'humanité ou les crimes de guerre et se limite aux provinces des Kivus.

La loi pourrait encourager la culture de l'impunité déjà présente dans la région, averti le Centre international pour la justice transitionnelle, CIJT, une organisation internationale non gouvernementale, qui a des bureaux à Kinshasa, la capitale de la RDC.

"Étant donné les limites de la justice congolaise et la culture de l'impunité, la nouvelle loi risque de fonctionner comme une amnistie générale pour tous les crimes commis par tout citoyen congolais prétendant avoir agi dans le cadre de la guerre et de l'insurrection dans les Kivus," déclare un communiqué du CIJT.

En outre, Mirna Adjami, chef de mission du CIJT à Kinshasa, a déclaré que l'amnistie aurait du être accompagnée par d'autres mesures.

"Les sociétés qui sortent tout juste d'un conflit armé ou d'un régime autoritaire sont mises face à des violations massives des droits de l'Homme [qui ne peuvent être ignorées]," a-t-elle dit.

"Et dans de tels cas, les lois d'amnistie devraient être adoptées au côté d'autres mesures de justice transitionnelle encourageant la recherche de la vérité, les réformes institutionnelles et les réparations, afin de promouvoir efficacement la paix et la réconciliation."

Cette nouvelle loi est la dernière tentative en date pour apporter une paix qui n'a pas réussi à s'installer dans la région malgré un accord de paix largement acclamé signé en janvier 2008 à Goma, la capitale orientale du Nord Kivu, par le gouvernement et plus de 20 groupes de milice, qui n'a pas eu l'effet escompté.

"Nous pensons que cette loi établit l'impunité des auteurs de graves violations des droits de l'Homme," a déclaré l'avocate Nicole Mwaka, directrice générale de Carrefour des femmes et des familles, une ONG qui travaille en RDC.

Des activistes des droits de l'Homme dans d'autres endroits du pays se sont plaint au sujet des limites géographiques de la loi.

"Je pense qu'une étape significative a été franchie avec cette amnistie...mais malheureusement, elle s'applique seulement à l'est du pays," a déclaré Angelo Mayambula, directeur de la Chaîne de solidarité, un groupe religieux dans la province du Bas-Congo, dans l'ouest de la RDC.

La loi aurait du être adoptée par un référendum national, a déclaré Deogracias Vale, de Socipo, un groupe de la société civile dans la province orientale de la DRC. Dans le cas inverse, cela laisse d'autres régions troublées embourbées dans "un cycle de violence permanent", a-t-il dit.

La zone qui a le plus besoin d'une amnistie est la région de l'Ituri de la province orientale, a déclaré Jean-Pierre Ngabu, parlementaire en Ituri.

"Nous voulions que cette loi soit étendue à l'Ituri," a déclaré Ngabu. "Les crimes commis par les groupes armés en Ituri ne sont pas différents de ceux qui ont été commis au Kivu, mais les milices du Kivu ont [reçu] un traitement spécial en bénéficiant de l'amnistie."

Ngabu a indiqué qu'il craignait qu'en raison de la loi, les chefs de milice comme Bosco Ntaganda, qui est actuellement dans les Kivus mais a été lié aux crimes dans la région de l'Ituri et est recherché par la Cour pénale internationale, CPI, pour des crimes de guerre, puissent s'en sortir libres.

"Bosco Ntaganda a commis des crimes en Ituri et est en liberté au Nord Kivu. Il est même recherché par la CPI," a déclaré Ngabu.

"Mais ... parce qu'il est natif du Nord Kivu", il pourrait être protégé par la nouvelle loi, a-t-il dit. "S'il était natif de l'Ituri, le gouvernement aurait déjà pu le livrer."

En excluant la région de l'Ituri de la loi d'amnistie, les chefs de communauté de la zone ont peu à offrir lorsqu'ils demandent aux groupes armés de se rendre, a-t-il dit.

"Nous sommes à court d'arguments aujourd'hui pour convaincre les autres groupes restants d'abandonner leurs armes et de rejoindre l'armée nationale ou la vie civile," a expliqué Ngabu.

Cependant, en dépit du fait qu'ils bénéficient d'une amnistie, certains chefs de milice du Kivu indiquent que cela ne suffit pas. Ils veulent un accord de partage du pouvoir et une protection active de leurs villages par l'armée nationale.

Sans cela, les groupes indiquent qu'ils pourraient être forcés de retourner à la guerre.

"Nous intégrons nos soldats dans l'armée nationale, mais il y a aussi des chefs politiques qui dirigeaient ces armées," a déclaré Askofu Bikoyi Mukongo, coordinateur politique des Mai-Mai Kifufua, un ancien groupe armé du Nord Kivu.

"Nous demandons au gouvernement de nous intégrer dans la gestion du pays," a déclaré Mukongo, ce qui pourrait, selon lui, être fait sans élection.

"Personne parmi ceux qui travaillent pour le gouvernement n'a été élu. Il y a les ministres, les gens qui travaillent dans les institutions publiques locales, provinciales et nationales sans avoir été élus par le peuple. Nous pouvons aussi être intégrés de la même manière," a-t-il dit.

Même si le pouvoir pouvait être partagé, les groupes armés du Kivu auraient besoin d'avoir les moyens de protéger leurs villages, a-t-il dit, parce que la milice rwandaise des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda, FDLR, a été active depuis le début de l'année.

Certains soldats Mai-Mai ont retardé leur intégration dans l'armée nationale pour protéger leurs proches, a déclaré Mukongo.

"Comme les soldats du gouvernement ne pouvaient pas défendre notre peuple, nous avons demandé à nos hommes de revenir défendre nos villages. La situation est calme désormais," a-t-il dit.

Mukongo indique que pour que les Mai-Mai se démobilisent, le gouvernement doit mettre un terme aux FDLR dans la région. Si rien n'est fait, a-t-il averti, les Mai-Mai vont prendre les choses en main.

"Si le gouvernement ne met pas fin aux attaques des FDLR, nous allons mobiliser tous les Mai-Mai dans tout le pays... pour pouvoir défendre nos villages," a déclaré Mukongo.

Jacques Kahorha et Désiré-Israël Kazadi sont des journalistes formés par l'IWPR.


Un témoin avoue avoir menti


Par Rachel Irwin à La Haye (AR No. 218, 18-June-09)

Un témoin protégé qui devait témoigner cette semaine contre le chef de milice congolais accusé Thomas Lubanga a indiqué aux juges qu'il avait donné un faux nom et des fausses informations aux enquêteurs.

Ce témoin est le deuxième témoin à charge à revenir sur son témoignage dans le procès Lubanga. Le premier avait finalement témoigné, et le deuxième devrait faire de même.

"Juste après que [le témoin] ait été appelé pour donner des preuves, il a indiqué qu'il avait fourni au BdP [Bureau du Procureur] un faux nom et que la déclaration qu'il avait faite était, en grande partie, inexacte," a déclaré le juge président Adrian Fulford.

Bien que le témoin, identifié par le nombre 15, ait fait cette déclaration à huis clos, Fulford a lu une partie des comptes-rendus de session à voix haute en session ouverte, indiquant qu'il voulait que le public sache ce qui s'était passé.

"Donc votre déclaration au BdP est en grande partie inexacte?" a lu Fulford, se citant dans les comptes-rendus.

"C'est ça," avait répondu le témoin, selon les comptes-rendus. "C'est une fausse déclaration."

Lubanga est accusé du recrutement, de la conscription et de l'utilisation d'enfants soldats, définis comme combattants de moins de 15 ans, dans les conflits ethniques qui ont fait rage dans la région de l'Ituri en République démocratique du Congo (RDC) de 2002 à 2003.

Fulford a indiqué qu'une nouvelle déclaration serait obtenue du témoin 15 "énonçant qu'il dit la vérité."

Une personne du Bureau du Procureur qui ne travaille pas sur l'affaire Lubanga prendra sa déposition en dehors de la salle d'audience, a déclaré Fulford.

Le Procureur Nicole Samson a suggéré que la nouvelle déposition du témoin soit enregistrée pour les archives audio et vidéo. Un membre de l'équipe de défense sera également présent, a-t-elle dit, qui a accepté de ne pas poser de questions.

La Cour a déclaré qu'elle ne pouvait pas prédire ce que le témoin allait dire. "Nous n'avons aucune idée de ce que [le] résultat va être," a déclaré Fulford. "Mais on peut envisager un résultat où la défense pourrait vouloir appeler ce témoin elle-même."

Avant de lever la séance pour la journée, Fulford a indiqué que le témoin 15 devrait être conseillé sur la question de l'auto-incrimination et qu'il devrait obtenir accès à un avocat.

"Les conseils donnés au témoin...devraient inclure un avertissement contre le fait de donner un faux témoignage," a-t-il ajouté.

Le premier cas de témoignage rétracté dans le procès Lubanga avait eu lieu le 28 janvier, à peine deux jours après le début du procès, lorsque le témoin principal de l'Accusation avait déclaré au Procureur adjoint Fatou Bensouda qu'il avait menti au cours de son témoignage et qu'il avait reçu des instructions sur ce qu'il devait dire.

Ce témoin, un ancien enfant soldat connu sous le nom de Dieumerci, était finalement retourné devant la Cour pour parler de son expérience en tant qu'enfant soldat dans la milice de Lubanga.

Les raisons évoquées au départ pour ces inventions portaient sur des craintes de voir Lubanga à l'audience et la confusion sur le fait de savoir si oui ou non il pouvait être poursuivi en RDC à son retour sur place.

"Beaucoup de choses me sont passées par la tête [ce jour là]," a expliqué Dieumerci à la Cour le 10 février. "Je me suis mis en colère et je n'étais pas en mesure [de témoigner]."

Cette semaine, les Procureurs ont assuré aux juges que le témoin 15 ferait sa deuxième déclaration dès que possible. Il comparaîtra probablement en audience la semaine prochaine.

D'autre part, un témoin expert a passé deux jours cette semaine à apporter un contexte sur l'histoire de la RDC.

Roberto Garreton, un avocat chilien et ancien envoyé spécial des Nations Unies sur les droits de l'Homme en RDC, a indiqué à la Cour que les milices dans la région de l'Ituri avaient souvent fait des déclarations contradictoires sur l'utilisation d'enfants soldats.

"[Les chefs de milice] disaient, 'Nous n'utilisons pas d'enfants soldats, mais ils sont utiles parce que ...' - c'était souvent contradictoire," a-t-il expliqué.

Les enfants étaient largement utilisés comme soldats, a-t-iI dit, en dépit de la condamnation de cette pratique par les groupes internationaux de défense des droits de l'Homme.

Interrogé par le Procureur Nicole Samson sur le fait de savoir si les gens dans la région de l'Ituri étaient conscients du fait que la communauté internationale avait condamné l'utilisation d'enfants soldats, Garreton a dit, "Le public n'avait pas accès à cette information. Cette guerre, comme toute autre guerre, n'a pas été menée dans une démocratie."

Seules les élites éduquées de Kinshasa, a-t-il dit, avaient accès aux informations et opinions internationales qui s'opposaient à l'utilisation d'enfants soldats.

A une occasion, alors qu'il était en RDC au début des années 2000, il avait vu des enfants armés à l'aéroport de Bunia et avait estimé qu'ils étaient âgés de neuf à 12 ans, a-t-il dit.

Garreton a expliqué que quelques jours plus tard, il était allé chez Jean-Pierre Bemba, le chef du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) qui attend actuellement son procès à la CPI pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

Garreton avait dit à Bemba qu'il avait vu des enfants soldats à Bunia. Bemba avait apparemment répondu que "ici il y a des ethnies où les gens sont très petits," impliquant que les soldats qu'il avait vu n'étaient en fait pas des enfants.

La violence qui fit rage en RDC eut souvent des effets secondaires, selon Garreton comme pour cette femme qu'il avait rencontrée et dont le mari était parti après qu'elle ait perdu une jambe dans une attaque.

"Elle n'était plus une femme pour lui," a-t-il dit.

Garreton a expliqué que les civils étaient les plus affectés par l'extrême violence qui avait englouti le pays.

"Dans la folie absolue de ces guerres, les gens tués ... étaient les femmes, les enfants et les personnes âgées," a-t-il dit. "Une balle atterri là où elle atterri."

l'Institute for War and Peace Reporting sur la justice internationale

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