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BANA CONGO
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26 novembre 2008

André Flahaut rappelle que l’armée congolaise est en construction

Comment expliquez vous la débâcle de l’armée congolaise au Nord Kivu, après tous les efforts consentis par la Belgique ?

La Belgique a été le premier pays à soutenir la réforme de l’armée congolaise, mais je vous rappelle qu’au début, il s’agissait d’une force hétéroclite de 300.000 hommes, dont beaucoup avaient été présentés au brassage par les anciens belligérants. Aujourd’hui les effectifs sont passés à 120.000 hommes. Il s’agît d’une armée en pleine reconstruction, qui n’est pas encore mûre pour la confrontation. Nous avons contribué à la formation de la première brigade intégrée, amené du matériel de génie à Kalemié, entrepris une opération d’évaluation des brassages et des formations déjà réalisées mais nous nous sommes fait tancer par l’Union européenne car nous allions trop vite…Eux, ils allaient à leur rythme et surtout, ils voulaient adapter là bas des modèles types, sans prendre en compte les spécificités locales. Le ministre de la Défense Chikez voulait une « armée au service du peuple », qui puisse participer à des travaux bénéficiant à la population, entre autres afin d’occuper tous les ex-combattants. En plus, il voulait créer une force de réaction rapide,mais on ne s’est pas bousculé pour l’aider…Aujourd’hui, dans l’Equateur, les Belges sont engagés dans la formation de « forces spéciales » mais cela prend du temps.
Il faut dire aussi que l’armée congolaise a manqué de munitions : alors que l’ONU avait levé l’embargo, le « code de bonne conduite » européen (vivement soutenu par la Belgique) a empêché de livrer des munitions commandées en Tchéquie. Les rebelles, eux, n’avaient pas tous ces problèmes…

Pourquoi les salaires ne sont ils pas payés, alors que c’est la force européenne EUSEC qui devait s’en charger ?

Disons que les efforts européens ont diminué en intensité, il y a moins de personnel, moins de suivi… Je vous rappelle aussi que c’est un Belge, le général Van Dingenen, qui aurait du prendre la direction de EUSEC mais que sa candidature a été rendue impossible par la querelle ouverte par Karel De Gucht…

L’augmentation des effectifs de la MONUC est-elle une solution ?
A condition que les renforts soient déployés judicieusement… Si c’est pour les laisser dans une caserne… Nous avions déjà contribué de manière significative au renforcement de la MONUC en formant un bataillon de 750 Casques bleus béninois. Equipés, encadrés par nous, formés au maintien de la paix, ils étaient vraiment opérationnels et en plus, ils parlaient la langue du pays, avaient un bon contact avec la population. Mais ce n’est pas au Kivu que la MONUC les a déployés et il leur a été reproché…de ne pas parler anglais !
Il ne faut pas trop critiquer les représentants de la MONUC sur le terrain, ils font ce qu’ils peuvent. Mais les ordres viennent d’ailleurs…

Peut-on imaginer qu’un contingent belge soit envoyé au Congo ?
S’il s’agît de l’envoyer dans le cadre de la MONUC et sous ses ordres, mon parti exige qu’un débat parlementaire lève la résolution de la commission Rwanda qui désapprouve l’envoi, sous mandat onusien, de militaires belges dans nos anciennes colonies. Les élus doivent être au courant des décisions prises et en partager la responsabilité. Quant à la participation à une force européenne, ou à une action bilatérale, cela c’est déjà fait : au moment des élections, les Belges participaient à EUFOR et nos militaires ont formé la première brigade à Kisangani.

Karel De Gucht veut que les Casques bleus puissent intervenir éventuellement à l’encontre des forces gouvernementales si ces dernières commettent des exactions…

Il est évident qu’il faut protéger les populations civiles contre les exactions. Cela dit, je vous rappelle tout de même que le Congo est un Etat souverain, que le mandat de la MONUC prévoit d’appuyer les autorités légales. Etablir une sorte d’équidistance entre les groupes rebelles et les autorités légitimes, c’est contribuer à délégitimer ces dernières. Il faut renforcer l’autorité en place au lieu de l’affaiblir.

La Belgique parle-t-elle d’une seule voix au Congo ?

Hélas non, encore moins aujourd’hui qu’ hier. On attend toujours la note de synthèse sur la politique africaine, le débat au Parlement, les pistes pour un nouveau partenariat. Et on attend surtout une méthode de travail, une cohérence, bref un arbitrage entre tous les ministres qui s’occupent de ce dossier…

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