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BANA CONGO
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8 novembre 2008

Nord-Kivu: la Monuc sur la sellette

M.F.C.

Mis en ligne le 08/11/2008

Les combats se poursuivent au Kivu, où ils avaient repris mardi. Les casques bleus sont mis en cause pour leur incapacité à protéger les civils. Le journaliste belge Thomas Scheen, enlevé par des Maï Maï, a été libéré vendredi.

Relative accalmie, vendredi, au Nord-Kivu, où des combats avaient repris mardi à Kiwanja. Seuls des échanges de tirs au fusil et au mortier, en effet, ont été enregistrés vendredi entre armée congolaise et rebelles du CNDP, près de Kibati. Les casques bleus ont obtenu leur cessation sans qu’il y ait avancée d’aucun des deux camps ennemis, mais le bruit a suscité la panique dans un camp de déplacés proche, faisant fuir 65000 personnes en direction de Goma.

Massacre de Kiwanja

On attend, d’une commission d’enquête onusienne, des précisions sur un massacre à Kiwanja, mardi et mercredi. Une vingtaine de cadavres ont été retrouvés jeudi dans cette ville, qui pourrait en receler plus. Une partie des victimes ont été exécutées, d’autres seraient mortes au cours des combats entre le CNDP de Laurent Nkunda, d’une part, et les Maï Maï (milices congolaises pro-gouvernementales) de l’autre, dans une région à forte population hutue.

Kinshasa et les Maï Maï affirment que le CNDP a commis à Kiwanja "des tueries". L’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW) indique que les rebelles de Nkunda et les milices maï maï "soutenues par le gouvernement" congolais "ont tué délibérément des civils à Kiwanja" et "commis des crimes de guerre au cours des combats autour de Kiwanja et dans la ville voisine de Rutshuru".

HRW note que la Monuc (Mission de l’Onu au Congo) est "tout simplement incapable de protéger les civils qui sont attaqués délibérément" et réclame plus de casques bleus.

La Monuc pusillanime

La Monuc est au centre de la polémique, ces derniers jours. Créée en 1999, elle est chargée de surveiller la mise en œuvre des accords de paix et de protéger les civils. Elle compte 17000 hommes, dont 5500 au Nord-Kivu. Il s’agit de la plus grosse mission de l’Onu d’un point de vue budgétaire (plus d’un milliard de dollars par an), mais pas du point de vue du nombre d’hommes, équivalent à celui des casques bleus envoyés en Sierra Leone ou au Liberia, respectivement 33 fois et 21 fois plus petits que le Congo.

Quelque 35 pc de ces 17000 hommes sont au Nord-Kivu, 21 pc au Sud-Kivu, 29 pc en Ituri, 5 pc au Katanga et les 10 pc restants à Kinshasa et dans l’ouest du pays.

Déjà trop peu nombreuses pour la taille du Congo, ces forces onusiennes sont déforcées par leur tendance à en faire le moins possible. Le Conseil de sécurité a ainsi déjà dû leur rappeler qu’elles avaient le droit d’utiliser la force pour protéger les civils, tant était grande leur pusillanimité à ce sujet. A plusieurs reprises - à Bukavu et à Kinshasa notamment - les casques bleus ont préféré quitter les lieux qu’ils devaient protéger pour éviter une confrontation, permettant ainsi une conflagration entre Congolais. Mardi et mercredi, à Kiwanja, ils se seraient terrés dans leur base sans protéger les civils.

Par ailleurs, chargée de faire respecter un cessez-le-feu et un gel des positions militaires au Nord-Kivu, la Monuc a combattu le CNDP qui le violait mais s’est contentée de prier l’armée congolaise de bien vouloir reculer lorsqu’elle faisait de même, perdant ainsi la confiance des rebelles. Kinshasa en veut cependant aussi à la Monuc parce que les autorités congolaises voudraient la voir combattre le CNDP à ses côtés, tandis que les casques bleus insistent pour faire appliquer le cessez-le-feu lorsqu’il s’agit du CNDP et pour se cantonner à un rôle d’appoint de l’armée congolaise lorsqu’il s’agit de protéger les civils.

L’Inde, qui fournit la majeure partie du contingent de casques bleus au Nord-Kivu, a annoncé qu’elle y envoyait des troupes d’élite Gurkhas. La Monuc cherche à renforcer son contingent au Nord-Kivu mais craint de dégarnir ses autres positions. Selon "Le Monde", en outre, le contingent pakistanais basé au Sud-Kivu aurait refusé de venir renforcer les casques bleus à Goma pour ne pas devoir se placer sous les ordres des Indiens.

La situation pourrait encore se compliquer avec l’arrivée au Nord-Kivu, annoncée par l’agence AP, qui cite des sources anonymes onusiennes (un "officier des casques bleus" et un "responsable de l’Onu"), de militaires angolais venus prêter main-forte à l’armée congolaise.

Journaliste libéré

Enfin, le journaliste belge Thomas Scheen, originaire d’Eupen, enlevé mardi par des Maï Maï dans la région de Rutshuru, a été libéré par ses ravisseurs, ont indiqué vendredi les Affaires étrangères belges et son journal.

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