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BANA CONGO
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29 mai 2008

Pour une diplomatie « mâle », bravo à M. Karel De Gucht

Pour une diplomatie « mâle », bravo à M. Karel De Gucht

Intervenus le week-end dernier, le rappel à Kinshasa de l’ambassadeur du Congo accrédité en Belgique et la fermeture dans la foulée du consulat d’Anvers, voilà qui dénote que les torchons brûlent entre les deux états.

En clair, c’est la crise diplomatique entre le Congo-Kinshasa et la Belgique. D’aucuns accusent M. Karel de Gucht, ministre belge des affaires étrangères, d’en être l’instigateur pour avoir déclaré haut et fort, en persistant en plus, que « la Belgique a un droit moral sur le Congo du fait qu’elle lui octroie chaque année 200 millions d’euros… »

D’après certaines sources proches du pouvoir de Kinshasa, Kabila a envisagé la rupture pure et simple de relations avec la Belgique brandissant l’argument de la souveraineté et de l’indépendance de l’Etat congolais. Finalement il s’est ravisé en rappelant son ambassadeur, pour consultation, après être conseillé par son entourage

Mais de l’avis de certains observateurs avisés, outre, la décision de rappeler l’ambassadeur en poste à Bruxelles et la fermeture du consulat d’Anvers, la lettre de protestation du gouvernement congolais demandant la fermeture de deux consulats belges au Congo, notamment au Katanga et à Bukavu ne constituent qu’une stratégie visant à faire pression sur le gouvernement Leterme afin d’obtenir d'une part l’isolement du ministre belge des affaires étrangères et d'autre part la redéfinition sur de nouvelles bases des liens entre la Belgique et le Congo. Cette stratégie est-elle payante ?

Il va de soi qu’elle est loin d’être payante car M. De Gucht n’a fait que rappeler la position du gouvernement belge, laquelle prône une diplomatie basée sur la franchise prenant en compte à la fois les intérêts de la Belgique et ceux du peuple congolais, diplomatie désormais en rupture avec celle de son prédécesseur privilégiant les liens d’amitié, les intérêts personnels, les éloges au détriment du sort de tout un peuple.

Face à cette diplomatie « mâle »,offensive et incisive, même soutenu par la Chine Kabila sait qu’une rupture de relations avec la Belgique ne lui profitera pas personnellement vu qu’il est impliqué directement ou comme personne morale dans toute une série de massacres, crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Congo. Bemba vient d’en faire le frais, voilà un message lancé à distance à Kabila ainsi qu’à toute sa bande : Denis Kalume, John Numbi, Raüs Chalwe etc.

En attendant qu’ils y réfléchissent, les commentaires vont bon train autour de propos à la base de la crise diplomatique entre le Congo-Kinshasa et la Belgique. Si la classe politique belge semble s’accorder sur le fonds s’agissant de propos tenus par le ministre belge des affaires étrangères, du côté francophone, on en stigmatise la forme, lui prêtant un caractère paternaliste et colonialiste. Voilà un autre point de divergence entre les Flamands et les Wallons qui s’invite aux discussions sur les compétences à régionaliser, en plus du « dossier BHV » à savoir « Quelle forme privilégier, quel ton adopter quand il faut parler à Joseph Kabila ? »

En s’appesantissant sur la forme, ces politiques francophones oublient curieusement que ces derniers temps au Congo, face à la corruption, aux malversations financières, à l’impunité, aux violations des droits de l’homme, de milliers de congolais ont privilégié le recours à une forme de revendication pacifique. Ils ont organisé des marches pacifiques, pour se faire entendre. Et ils n’ont pas été écoutés. Au contraire, ils ont fait l’objet des représailles sanglantes.

Combien parmi les combattants de l’UDPS n’ont-ils pas été arrêtés, torturés, incarcérés, fusillés simplement pour avoir manifesté pacifiquement ?
Combien d’adeptes de Bundu dia Kongo (BDK) n’ont-ils pas été massacrés sauvagement voire enterrés dans des fosses communes pour avoir dénoncé pacifiquement la corruption, les injustices de toutes sortes etc. ? Combien parmi eux n’ont-ils pas vu leurs femmes, filles violées en leur présence et leurs habitations incendiées délibérément ? Et quand on condamne à mort 3 adeptes de BDK et une vingtaine à 20 ans d’emprisonnement ferme en laissant impunis les chefs militaires, officiers de la police et politiques impliqués dans le massacre au Bas-Congo ?

Au regard de tout cela, faut-il continuer à privilégier la forme quand il s’agit de mettre Joseph Kabila et sa bande devant leurs responsabilités ?

Bravo donc à M. Karel De Gucht de s'être passé de la forme et d’avoir rompu avec la diplomatie de son prédécesseur privilégiant les liens d’amitié, les intérêts personnels, les éloges au détriment du sort de tout un peuple.

Blaise B.Mantoto

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