Radio-France Internationale a annoncé le 6 janvier le décès du cardinal Frédéric Etsou, archevêque de Kinshasa, survenue hier à Bruxelles. Le cardinal était hospitalisé à Bruxelles depuis quelques jours déjà dans une unité de soins intensifs. Aucune explication n'a été donnée sur la cause de son décès. On sait que le cardinal était diabétique et qu'il avait des problèmes de cardiovasculaires.

On se rappellera que le dernier coup de gueule du cardinal Etsou en novembre dernier concernait ce qu'il avait qualifié de mensonge électoral de l'abbé Malu-Malu : « Moi, comme pasteur, je n’accepte pas le mensonge: Malu Malu en tant qu’abbé ne peut cautionner le mensonge... Nous voulons par les urnes la paix. Nous voulons la paix...».

Le nouveau régime de Kinshasa peut compter un adversaire de moins dans les rangs de l'opposition, comme ce fut le cas du régime Mobutu après la mort du cardinal Malula.

Pendant ce temps à Kin-la-Poubelle, on attend toujours la formation du gouvernement éléphantesque d'Antoine Gizenga (avec plus de 60 ministres et vice-ministre, ce sera en effet très lourd). Les consultations préliminaires à la formation de ce gouvernement se sont poursuivies jusqu'au 6 janvier, notamment avec des rencontres de représentants de l'AMP, du PALU de l'IDEMO et d'autres formations de vagabonds politiques à la recherche de "jobs".

Selon des sources sûres à Kinshasa, le MLC et ses alliés de l'UN sont demeurés catégoriques : ils ne feront pas partie du gouvernement Gizenga. On sait que les Belges et les Français ont tenté vainement de convaincre le chairman Bemba, une dernière fois, "d'adoucir" sa position en permettant à certains membres de son parti de rejoindre les rangs du gouvernement. Toujours selon nos sources, le ministre des Affaires étrangères français, M. D'Ouste-Blazy, ainsi qu'un membre du gouvernement belge (dont l'identité demeure inconnue) se seraient rendus à Lisbonne, en début de semaine, pour exercer d'ultimes pressions sur Jean-Pierre Bemba. Ce dernier aurait catégoriquement refusé de changer d'opinion par rapport à la réponse qu'il avait déjà donnée à Chirac.

Par ailleurs, en ce qui concerne les hostilités militaires au Nord-Kivu entre les FARDC et les hommes du général Laurent Nkunda, nous apprenons que des négociations ont eu lieu dans la capitale rwandaise entre le général John Numbi et le général Laurent Nkunda, sous la facilitation des Afande de Kigali. Selon nos sources, l'accord conclu au terme de cette réunion stipulait que les hommes de Nkunda acceptaient d'être incorporés dans le processus de brassage des forces militaires congolaises (mais qu'ils devaient déployés seulement dans la province du Nord-Kivu), et qu'en contrepartie le mandat d'arrêt international émis contre le général Laurent Nkunda serait levé et que ce dernier serait également nommé commandant de la 8ième région militaire (Nord-Kivu) (voir aussi Le Potentiel pour des détails supplémentaires).

Inutile de dire que cet accord risquait de ne pas être mis en application du côté de Joseph Kabila, à cause des réactions hostiles de la part des extrémistes dans son entourage. Déjà, du côté de Kinshasa, on nie l'existence même de ces négociations, alors qu'à Kigali on le crie sur tous les toits.

Profitons de l'occasion pour souligner que l'année qui vient de s'achever en RDC a été caractérisée par les événements suivants :

• l'élection contestée de Joseph Kabila comme président de la troisième république;
• l'émergence de deux nouveaux blocs politiques - l'AMP et l'UN, ainsi que l'effondrement du RCD;
• l'ingérence très visible de Paris et de Bruxelles dans les affaires internes de la RDC, notamment avec l'exclusion de l'UDPS du processus électoral;
• la reprise des hostilités militaires au Nord-Kivu entre les FARDC et les troupes commandées par le général dissident Laurent Nkunda - sans oublier l'anarchie persistante en Ituri, en dépit des multiples accords et ententes signés entre les différents groupuscules rebelles et la MONUC.

Tout ça sa fait beaucoup, mais bonne année quand même, un jour on y arrivera.

La rédaction