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BANA CONGO
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5 octobre 2010

les violences sexuelles peuvent "détruire" le pays

KINSHASA (AFP) -
mardi 05 octobre 2010 - 9h48 - Venue en République démocratique du Congo (RDC) deux mois après des viols massifs commis dans l'Est, l'envoyée spéciale de l'ONU pour les violences sexuelles dans les conflits, Margot Wallström, juge que ces crimes peuvent "détruire le pays si cela continue".

Pour son deuxième séjour en RDC, la Suédoise, nommée en début d'année par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, a parcouru pendant quatre jours, de jeudi à lundi, les provinces instables du Sud et du Nord-Kivu (est) où des groupes armés mais aussi des éléments de l'armée congolaise commettent régulièrement des violences contre les civils.

"Je suis venue pour rencontrer les victimes, pour écouter leur histoire, mieux comprendre ce qui s'est passé, leur peur, leur rage et leur dépression. Je suis venue aussi pour faire passer le message qu'il faut poursuivre les auteurs parce que c'est comme cela que l'on peut mettre fin à l'impunité", explique l'experte onusienne.

Elle s'est notamment rendue dans le territoire enclavé de Walikale (ouest du Nord-Kivu) où des rebelles des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et des milices Maï-Maï sont accusés d'avoir violé jusqu'à 500 personnes dont des enfants, fin juillet-début août, dans un groupe de 13 villages.

"C'était l'horreur !", lâche-t-elle en évoquant ce drame. "Je pense que ça va détruire ce pays si cela continue. Parce que cela va brutaliser toute la société, aller de génération en génération et détruire toutes les valeurs, toutes les normes. Cela peut coûter très cher au Congo".

"On a déjà vu ça dans un pays comme le Libéria. Dans ce pays post-conflit, le viol est en tête des crimes, avec les même méthodes que l'on a connues pendant la guerre", prévient-elle.

A Goma et Bukavu, les capitales du Nord et Sud-Kivu, comme à Kinshasa, Margot Wallström a aussi rencontré des dirigeants politiques.

"Quand je parle avec les autorités, je trouve qu'il y a une volonté" de mettre fin à l'impunité "mais quand on parle avec les femmes, elles n'ont pas le sentiment que des choses sont faites", dit-elle.

Comment alors mettre fin à ces violences faites aux femmes et aux enfants, dans ce pays immense où l'Etat est défaillant ?

"Dans nos pays, on peut appeler la police et on sait qu'elle va arriver. Ici il n'y a rien. Et la seule chose vers laquelle on peut se tourner, c'est la Monusco", la Mission de l'ONU pour la stabilisation en RDC, constate Mme Wallström.

La Monusco qui compte quelque 18.000 soldats, basés essentiellement dans l'Est, a été fortement critiquée pour avoir échoué à protéger les populations lors des viols de Walikale cet été. "Les moyens de la Monusco, son personnel et ses capacités ne sont pas suffisants", reconnaît Mme Wallström.

"On peut améliorer la formation (des Casques bleus), multiplier les patrouilles, parler plus à la population, renforcer le renseignement... Mais en même temps, on ne peut pas penser que la Monusco doit se substituer à l'Etat pour la sécurité", estime l'envoyée spéciale de l'ONU.

"Le défi est de trouver comment aider à réformer le secteur de la sécurité. Si les (autorités congolaises) veulent que les bailleurs donnent plus d'argent, il faut faire voter les lois (sur la réforme de l'armée et de la police), qui ne sont pas encore adoptées", regrette-t-elle.

Pour Margot Wallström, le problème des violences sexuelles "va être le plus grand obstacle pour trouver la paix".

"Très souvent on dit l'inverse, qu'il faut la paix pour stopper les violences sexuelles mais je pense qu'il faut stopper ça pour trouver la paix. (...) C'est terrible de dire qu'il faut attendre la paix pour que les femmes soient en sécurité", conclut-elle.

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