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BANA CONGO
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13 novembre 2008

Internationalisation du conflit

L’Angola annonce l’envoi de soldats au Congo pour appuyer Kinshasa. Les députés congolais s’inquiètent du peu de cas fait de leur plan de sortie de crise.

Alors que des informations contradictoires circulent depuis une semaine au sujet de la présence de militaires angolais aux côtés de l’armée congolaise à Kibati (60 km de Goma, capitale du Nord-Kivu), où des affrontements ont eu lieu entre camps gouvernemental et rebelle, ces derniers jours, Luanda a annoncé qu’il allait envoyer des troupes au Kivu.

C’est le vice-ministre angolais des Affaires étrangères, Georges Chicoty, qui a fait cette annonce à la radio nationale, après avoir participé à Bruxelles à une réunion avec les chefs de la diplomatie de l’UE, mardi. Celle-ci a pris note des conclusions du sommet de la SADC (pays d’Afrique australe, dont le Congo est membre), dimanche, qui s’est dit prête à envoyer "si nécessaire" des troupes de maintien de la paix au Nord-Kivu et, d’ores et déjà, promet "assistance" à l’armée congolaise et l’envoi d’experts régionaux "pour évaluer la situation".

L’assemblée mécontente

L’appui de la SADC à Kinshasa survient après le sommet, vendredi dernier, de Nairobi (pays des Grands Lacs ainsi que l’UE et l’Onu), qui avait insisté pour que Kigali, Kinshasa et Nkunda appliquent les accords qu’ils avaient déjà signés; la SADC rejette la responsabilité de leur non-application sur le seul Nkunda.

Mardi, à Kinshasa, une séance houleuse a eu lieu à l’assemblée nationale au sujet du Kivu, rapporte notre confrère "Le Phare". Après que le président de l’assemblée, Vital Kamerhe (PPRD, le parti présidentiel) eut convié les députés à demander au Conseil de sécurité de l’Onu d’enquêter sur le massacre de Kiwanja (26 morts), la semaine dernière, Clément Kanku wa Tshibuabua a dénoncé le peu de cas fait par le gouvernement du "Plan de sortie de crise" adopté le 29octobre par les élus et qui propose une solution diplomatique et politique, comprenant notamment l’ouverture d’un dialogue avec le rebelle Nkunda, le rétablissement des relations diplomatiques avec le Rwanda, ainsi qu’une réforme de l’armée faisant appel "aux officiers formés dans les grandes écoles militaires" et issus "des ex-FAZ", soit l’armée de Mobutu.

Or, constate M.Kanku, le gouvernement a plutôt choisi de développer la force d’autodéfense populaire, avec des conséquences déplorables. Un autre député a dénoncé les arrestations arbitraires de militaires originaires de l’Equateur (province de Mobutu et d’où venaient beaucoup de militaires des ex-FAZ).

L’Assemblée a chargé Vital Kamerhe de rencontrer le président Kabila à ce sujet, indique encore "Le Phare", et recevra un rapport à huis clos sur ces entretiens.

Au passage, M.Kamerhe, ajoute "Le Phare", a demandé "aux collaborateurs du chef de l’Etat de cesser de le distraire et de le fragiliser". "Ce n’est pas le moment de la chasse aux sorcières, nous avons besoin de la cohésion nationale", a-t-il martelé.

Va-t-on vers une 3e guerre du Congo ?

Par Marie-France Cros

L’annonce, par Luanda, de l’envoi de troupes angolaises au Kivu pour soutenir l’armée de Kinshasa face à la rébellion de Laurent Nkunda consacre une internationalisation du conflit qui ne laisse pas d’inquiéter. On ignorait, mercredi soir, combien de militaires angolais partiront au Kivu, avec quelle mission et sous quel mandat. S’agit-il d’une décision de l’Angola comme allié de Kinshasa ? S’agit-il de troupes envoyées sous mandat de la SADC (organisation d’Afrique australe dont l’Angola et le Congo sont membres) ? Interviendront-elles dans ou hors mandat de l’Onu ? Sous commandement onusien ou non ?

De la réponse à ces questions dépendra sans doute l’attitude de Kigali, qui ne peut que s’inquiéter de voir le gouvernement congolais souscrire aux conclusions du sommet de Nairobi pour aller demander, deux jours plus tard, une aide militaire à la SADC. Le sommet de Nairobi insiste sur une solution politico-diplomatique, en particulier sur l’application des accords déjà signés, dont un par lequel Kinshasa s’est engagé à œuvrer au désarmement des FDLR (rebelles hutus rwandais, issus des génocidaires, et alliés de l’armée congolaise au Kivu) et à leur rapatriement, tandis que Kigali promettait de ne pas aider Nkunda.

Le schéma qui se dessine ressemble dangereusement aux situations qui ont précédé la première (1996-97) et la seconde (1998-2003) guerres du Congo. Une troisième se prépare-t-elle ?

Le statut du Congo a pourtant changé depuis ces deux guerres. Des élections ont eu lieu, ce qui donne au président Joseph Kabila la légitimité qu’il n’avait pas jusqu’à 2006, mais l’oblige aussi à tenir compte de l’avis des autres élus congolais. Or l’assemblée nationale congolaise et l’assemblée provinciale du Nord-Kivu se sont prononcées, chacune, en faveur d’un dialogue entre le pouvoir et Laurent Nkunda - ce que le gouvernement Muzito refuse officiellement et ce que le président Kabila rejette par ses actes. Poussé à l’intransigeance vis-à-vis des Tutsis (comme Nkunda) et des Rwandais par l’"accusation", répandue par ses ennemis, selon laquelle il n’est pas congolais mais tutsi rwandais, le président Kabila perd ainsi une belle occasion de faire ce que l’Histoire tient pour l’acte le plus précieux d’un chef d’Etat : établir la paix.

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