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BANA CONGO
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13 novembre 2008

Comment De Gucht a perdu le Congo

Les canons tonnent dans l’Est de la RDC. C’est un samedi, le 1ernovembre, et le ministre des Affaires étrangères, Karel de Gucht, grimpe dans un Falcon de la Force aérienne. Direction Kigali. M.De Gucht (Open VLD) a annulé un voyage officiel aux Emirats pour rencontrer le président rwandais Paul Kagame. Seulement, voilà, De Gucht aimerait pousser jusqu’à Goma, en RDC. Il introduit donc une demande officieuse auprès des autorités congolaises afin de ne pas avoir à subir le camouflet d’un non "officiel" de Kinshasa Mais ces mêmes autorités congolaises refusent sèchement l’accès de leur territoire à Karel De Gucht. C’est que, depuis ses déclarations sur "la corruption congolaise", De Gucht est persona non grata en RDC.

Louis Michel, lui, a été accueilli à bras ouverts par le président Joseph Kabila. A peine arrivé en République démocratique du Congo (le 31 octobre), le commissaire européen en charge du Développement est reçu par le Président. Et là, depuis le bureau présidentiel, Louis Michel décroche son téléphone et appelle directement le Premier ministre Yves Leterme afin de pousser à la normalisation des relations belgo-congolaises. Eh oui, le vétéran Louis Michel a de la suite dans les idées

"Pour qui se prend-il ?"

Karel De Gucht, quant à lui, vit des heures pénibles. Son Falcon l’a mené en Inde où il accompagne un voyage officiel du Roi et de la Reine. Il est harcelé par la presse sur l’affaire Fortis. Et il fulmine. Il a appris que le ministre de la Coopération Charles Michel (MR) projetait de se rendre au Congo, via l’Ouganda. Et est ulcéré d’être ainsi court-circuité. Il le fait savoir à Yves Leterme. Et passe un coup de téléphone à "son" vice-Premier ministre, Patrick Dewael (Open VLD) pour le prier de défendre cette ligne de conduite au gouvernement. De Gucht voudrait interdire purement et simplement à Charles Michel de se rendre au Congo

Charles Michel sait pertinemment bien qu’il a la possibilité, offerte par les Congolais, de rencontrer Kabila à Kinshasa, après être passé par Goma. Mais se garde bien de le dire aux journalistes qui l’accompagnent. Il décolle donc le samedi 8 novembre de Kampala, en Ouganda, dans un C-130 chargé de vivres, de médicaments et de matériel collectés par l’ONG catholique flamande Memisa.

Et De Gucht (toujours en Inde) ne décolère pas. Il téléphone tous azimuts à ses collègues ministres. "Mais pour qui se prend-il ?" s’emporte De Gucht. "Michel n’est pas ministre des Affaires étrangères, que je sache !"

Vendredi matin, Conseil des ministres. Yves Leterme est passablement énervé. C’est que le Premier ministre aimerait engranger lui-même les dividendes de la réconciliation belgo-congolaise. Il n’apprécie que modérément de se faire dribbler par le jeune Michel. Et le lui a dit. Mais Michel tient bon et menace de dire publiquement que Leterme et De Gucht l’empêchent de rencontrer Joseph Kabila ! Yves Leterme ne désarme pas et appelle Didier Reynders, le vice-Premier libéral francophone, à la rescousse. "Charles Michel doit se concentrer sur ses compétences : à savoir la coopération au développement", lui indique le Premier ministre. "C’est avec son homologue congolais qu’il doit d’abord avoir des contacts !" insiste Yves Leterme qui couvre Karel De Gucht. Didier Reynders décroche donc son téléphone et appelle Charles Michel qui se trouve en Ouganda.

Mais entre les deux libéraux francophones, l’affaire est rapidement entendue : il y a là un magistral coup politique à jouer en scellant le renouveau des relations belgo-congolaises. Et Didier Reynders, rusé, donne carte blanche à Charles Michel.

Un message pour Leterme

Samedi 6novembre. Michel s’envole vers Goma. La visite doit durer "au moins quatre heures", assure l’entourage du ministre belge. Après deux heures sur place, retour à toute vapeur à l’aéroport de Goma pour reprendre le C-130, direction Kinshasa. C’est que l’opportunité de rencontrer Kabila s’est présentée.

Dix à vingt minutes après l’arrivée de la délégation belge, l’hélico présidentiel se pose sur le tarmac de l’aéroport de N’Djili. Les deux hommes se retrouvent dans l’avion présidentiel pour un très bref entretien avant que Kabila ne s’envole pour Johannesbourg. Le caméraman et le photographe belges sont invités à immortaliser l’instant. Kabila parti, Michel a un plus long entretien avec Raymond Tshibanda, ministre congolais de la Coopération internationale.

Après une nouvelle entrevue (le lundi) avec Kabila, Charles Michel revient à Bruxelles porteur d’un "message" pour le Premier ministre. Ceci a le mérite d’adoucir Yves Leterme. Qui reprend la main : c’est lui, et lui seul, qui mettra la touche finale à la réconciliation belgo-congolaise.

Karel De Gucht, pour sa part, est court-circuité. Complètement. Un insider dit : "Karel De Gucht ne mettra plus jamais les pieds au Congo. Et il le sait très bien."

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