Le ministre belge à la Coopération a rencontré le Président congolais à Kinshasa. Après six mois de brouille, les deux pays devraient normaliser leurs relations.

à KINSHASA

Les autorités des deux pays n’en sont pas encore à se fredonner "on s’embrasse; on oublie tout", mais un pas significatif dans la normalisation des relations entre la Belgique et la République démocratique du Congo (RDC) a été franchi, samedi après-midi à Kinshasa, après une brouille longue de six mois.

Au cours d’une visite "surprise" dans la capitale congolaise, le ministre belge de la Coopération au développement, Charles Michel (MR), a brièvement rencontré Joseph Kabila sur le tarmac de l’aéroport de N’Djili, dans l’avion du Président congolais, en partance pour Johannesbourg. Il a ensuite eu un entretien avec le ministre de la Coopération internationale, Raymond Tshibanda.

Il était prévu, à l’origine, que le ministre Michel ne se rende qu’à Goma, dans l’est de la RDC, pour évaluer in situ les besoins humanitaires criants des personnes déplacées suite aux combats entre les rebelles du CNDP et les forces congolaises (lire ci-dessous). "Suite à des contacts (initiés par la partie congolaise - NdlR), l’opportunité a été envisagée d’un déplacement à Kinshasa", a expliqué le ministre aux journalistes belges qui l’accompagnaient. "J’interprète la tenue de cette rencontre comme un signe positif sur le chemin de la normalisation des relations entre nos deux pays", a poursuivi M.Michel. "Cela s’inscrit dans la continuité de la récente déclaration du Premier ministre Leterme qui a fait part à la Chambre de sa volonté de poursuivre des efforts en ce sens."

L’atmosphère entre la Belgique et son ancienne colonie s’était, en effet, considérablement refroidie depuis qu’en avril dernier à Kinshasa, le chef de la diplomatie belge Karel de Gucht avait fait la leçon au pouvoir congolais et dénoncé la corruption en RDC. Il avait remis le couvert un mois plus tard, affirmant que la Belgique avait "le droit moral" de donner son avis sur la gestion du Congo. Cela avait souverainement déplu à Joseph Kabila qui avait rappelé au pays son ambassadeur à Bruxelles et fermé le consulat d’Anvers. Si les communications n’ont jamais été entièrement rompues - Yves Leterme et Joseph Kabila se sont récemment entretenus au téléphone -, aucune rencontre de haut niveau ne s’était tenue depuis six mois.

"Ne pas sortir de mon rôle"

Pour éviter toute fuite qui aurait pu la remettre en cause, la rencontre entre MM. Michel et Kabila a été tenue secrète jusqu’au dernier moment. Le sujet est encore sensible, certains, côté belge, estimant qu’il est encore tôt pour franchir le pas. D’autre part, refuser la main tendue aurait eu pour effet de froisser Kinshasa.

Sans s’épancher sur le contenu de son entretien avec le Président, M.Michel a indiqué que la discussion s’était cantonnée "à un contact humanitaire", évoquant la situation dans l’est de la RDC. Le Belge ne cache pas qu’il a toujours été partisan d’une normalisation des contacts, mais a tenu à préciser qu’il n’entendait pas "sortir de son rôle". Comprendre: la décision sur la manière de renouer les liens au niveau politique se prendra à l’étage supérieur.

"Je ferai mon rapport sur cet entretien au Conseil des ministres", a indiqué M.Michel qui reste à Kinshasa jusqu’à lundi pour rencontrer d’autres responsables congolais. "Il appartiendra aux deux gouvernements de définir un certain nombre de points de discussion."