Conférence de presse chahutée du CNDP à Bruxelles
http://fr.youtube.com/watch?v=VaS8fABg6uQ
http://fr.youtube.com/watch?v=wXSxlpqp5lY
http://fr.youtube.com/watch?v=D7i1S3HYm_g
image; Patrick kanku
Le point de presse organisé, jeudi 25 septembre, par la représentation en Europe du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) a été perturbé par des activistes politiques congolais dont les «Bana Congo». La police fédérale a dû intervenir pour calmer les esprits. Face à un mur de préjugés défavorables, le représentant du CNDP a éprouvé toutes les peines du monde à «éclairer» l’opinion nationale et internationale sur les «enjeux à l’Est».
Les affrontements entre les FARDC (Forces armées de la RD Congo) et les combattants du CNDP de Laurent Nkunda se poursuivaient mercredi 24 septembre dans les territoires de Rutshuru et de Masisi. On signalait également des accrochages entre les forces gouvernementales et des miliciens «Pareco» notamment à Kamandi dans le Territoire de Lubero. Le CNDP accuse les FARDC d’avoir attaqué ses positions notamment à Mweso, dans le Masisi, et à Rugari, territoire de Rutshuru. Un rapport établi par le mouvement nkudiste sur la situation militaire de ce jeudi 25 septembre indique qu’une «relative accalmie» était perceptible sur «tous les fronts». Pour combien de temps ? Toute la question est là ! A Bruxelles, Michel Rudatenguha, représentant du CNDP pour l’Europe, tenait – a tenté de tenir ? - une conférence de presse dans une salle située (au 7ème étage de First Euroflat Hôtel) à un jet de pierre du siège de la Commission de l’Union européenne. L’homme était assisté de trois autres membres de ce mouvement politico-militaire. A savoir : Baravuga Salomon, Nshizirungu Gatama Patrick et de Basile Diatezwa, respectivement membre de la représentation du CNDP pour l’Europe, membre du Bureau politique et chargé de mission. Objectif annoncé : éclairer l’opinion congolaise et internationale sur les enjeux politiques du conflit à l’Est du Congo-Kinshasa. Un texte introductif d’une dizaine de pages (signé Omar Basile Diatezwa) a été distribué à l’assistance. Une assistance estimée à une cinquantaine de personnes dont quelques journalistes.
Activistes politiques
Introduisant l’orateur du jour, en l’occurrence Michel Rudatenguha, Basile Diatezwa a procédé à la lecture de son texte dans une salle où l’atmosphère était déjà lourde avec la présence de plusieurs "activistes politiques". Parlant du programme Amani, il a réaffirmé la position du CNDP selon laquelle «ce programme est franchement caduc». Ajoutant : «car nous sommes convaincus de l’option choisie par le pouvoir de Kinshasa à savoir que «la paix se trouve au bout du canon». «Face à la recrudescence de la tragédie qui sévit en RDC depuis la fin des élections ayant comme principales sources les comportements haineux, bellicistes et irresponsables des acteurs politiques et militaires en poste à Kinshasa, poursuit-il, nous avons lancé le Conseil national pour la défense du peuple». Selon lui, le CNDP est un «mouvement de résistance populaire» qui a pour mission «la sauvegarde des droits les plus élémentaires des citoyens congolais oubliés par leurs dirigeants depuis les années soixante jusqu’à nos jours.» Diatezwa de prononcer une phrase qui va mettre le feu aux poudres : «Le CNDP n’a strictement rien à avoir avec le gouvernement rwandais en ce qui concerne sa démarche politique et militaire.» C’est le tollé général. Plusieurs personnes quittent leurs sièges brandissant des doigts accusateurs en direction des délégués du CNDP. «L’AFDL et le RCD ont été créés par le Rwanda, tonne-t-il. Laurent Nkunda est, lui aussi, une créature du Rwanda. C’est parfaitement faux d’affirmer que les Tutsis sont opprimés au Congo depuis les années 60 alors qu’ils occupaient des postes importants sous la IIème République.» Membre du même mouvement, Didier Osongo de renchérir : «Le CNDP n’est qu’un prolongement du RCD-Goma». Samson Cibayi Mukuta, ancien de «Bana Congo» d’enchaîner : «Tout ce que notre pays vit aujourd’hui est la conséquence de la fraude électorale. Sans les tripatouillages, il n’y aurait pas eu de guerre.»
«Tutsiland», «Hutuland»
Une certaine accalmie est revenue dans la salle après l’irruption des agents de la police fédérale. Diatezwa reprend : «Le CNDP veut s’implanter sur l’ensemble du territoire national. …». (Nouveau chahut dans la salle). Une journaliste de la RTBF pose une question : «Vous dites que le CNDP voudrait s’implanter sur l’ensemble du territoire national alors que jusqu’ici Laurent Nkunda se présente comme le défenseur des membres de la communauté tutsie ?». «Basile» de bredouiller : «Il faut que les autres Congolais s’associent avec Nkunda qui ne pourra rien faire tout seul…» Jean-Pierre Samba s’emporte : « Nkunda est un Tutsi, les FDLR et les Interahamwe sont des Hutus. C’est un conflit rwando-rwandais qui a été exporté au Congo.» Représentant des Patriotes Maï Maï, Michel Moto fustige l’ «ingratitude» des membres de la communauté tutsie. «Il y a de nombreux tutsis dans des familles congolaises. Nous avons, hier, accueilli les Tutsi alors qu’ils cherchaient une terre d’asile en leur donnant le gîte et le couvert. Aujourd’hui, les mêmes Tutsi nous font regretter notre hospitalité. Deux millions de Congolais, contraints de fuir les combats, errent actuellement sous les intempéries dans le Kivu.» Ancien ambassadeur au Japon et en Russie, Muraïri Mitima Kaneno est formel : «Nkunda a reçu mission de créer un Tutsiland dans le Nord-Kivu. Les FDLR et les Interahamwe sont, de leur côté, occupés à ériger un Hutuland.» Pour l’ancien diplomate, la crise qui prévaut dans cette partie de la RD Congo est orchestrée par le Rwanda. Bizarrement, tout en doutant de l’efficacité d’une solution militaire, l’ambassadeur Muraïri n’est pas non plus favorable à des négociations avec le CNDP. Que faire ? «Il appartient à la diplomatie congolaise de prendre langue avec des pays amis…», conclut-il. Le moins que l’on puisse dire c’est que le CNDP de Laurent Nkunda fait face à un mur de préjugés défavorables. Des préjugés qui découlent sans aucun doute des plaies psychologiques, non encore cicatrisées, laissées par l’AFDL et le RCD.
B. Amba Wetshi