Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
BANA CONGO
BANA CONGO
Derniers commentaires
Archives
31 mai 2008

La " Négrophobie " Sud-africaine !

L'Afrique du Sud d'aujourd'hui rappelle le Far West de la fin du XIX siècle:c'est une terre d'une formidable dynamisme où tout est possible et où la criminalité est aussi brutale qu'omniprésente. L'Afrique du Sud affiche l'un des taux d'assassinats les plus élevés du monde pour un pays qui n'est pas en guerre. Les attaques négrophobes, contre les autres africains:Zimbabwéens, Mozambicains, Malawites, Somaliens, Congolais et Nigérians, qui ont débuté le 11 mai dernier dans le bidonville d'Alexandra à Johannesburg et se sont propagées à d'autres townships du pays, qui ont fait plus de 50 morts, des centaines de blessés et au moins 25.000 déplacés, ne sont pas fortuites. Le fait que 40% de la population noire soit sans emploi, explique-t-il tout ? La police a procédé à plus de 500 arrestations. Même si les incidents sont désormais moins nombreux, grâce à un impressionnant déploiement de la police et de l'armée, les déplacés continuent d'affluer dans des camps de fortune, souvent proches des commissariats. Des milliers doivent dormir dehors, par des températures proches de zéro la nuit. L'armée a été déployée dans la banlieue de Johannesburg, pour la première fois depuis 1994 et la chute de l'apartheid. Ce qui rappelle l'époque où l'ancien régime de la minorité blanche avait recours aux militaires pour réprimer les émeutes des noirs contre sa politique raciste. Les violences en cours risquent de peser lourd sur la préparation de la Coupe du monde de football, l'Afrique du Sud ayant été désignée pour organiser l'événement en 2010.

Trois policiers sud-africains viennent en aide à une victime de violences négrophobes, le 18 mai 2008 à Reiger Park

Au moins cinquante noirs ont été assassinés en ce mois de mai dans les townships des alentours de Johannesbourg, par des gens qui, encore récemment, étaient eux-mêmes victimes de l'apartheid, le plus impitoyable système d'exploitation raciale délibérée du XIXe siècle.

l'une des victimes de la flambée de violences en Afrique du Sud

Dans certains cas, les victimes ont été brûlées vives, d'autres ont été égorgées voire lapidées.

Comment expliquer cette explosion perverse de " négrophobie ?"

Quand des ressortissants de pays africains situés plus au nord envisagent d'émigrer vers le sud, ils partent pour les mêmes raisons que d'autres vont en Europe ou que les Mexicains, les Cubains et les Salvadoriens se rendent aux Etats-Unis. L'Afrique du Sud est la superpuissance du continent, Johannesbourg la ville la plus prospère de toute l'Afrique. Pour l'immense majorité des noirs sud-africains, la réalité économique n'a rien de beau. Car sous l'apartheid, il fallait veiller à ce que les Noirs ne soient pas à même de concurrencer les Blancs pour les meilleurs postes. Les gouvernements successifs de l'apartheid ont appris aux Noirs à être " des coupeurs de bois et des porteurs d'eau ". Le Zimbabwéen ou le Nigérian moyen a de grandes chance d'avoir bénéficié d'une meilleure éducation qu'un Sud-africain. Aujoud'hui, les noirs Sud-Africains ne peuvent même pas concurrencer les Noirs étrangers pour les emplois modestes.

La cause profonde de la violence en Afrique du Sud n’a presque pas changé depuis l’époque de l’apartheid. Selon le Centre for the Study of Violence and Reconciliation (CSVR) de Johannesburg, aujourd’hui comme dans les années 80, le taux élevé de criminalité avec violence s’explique par l’exclusion économique et sociale.

Ce qui a changé, c’est la conjoncture. À l’époque de l’apartheid, la population voyait une forme de protestation politique dans tout acte contribuant à rendre un township ingouvernable — un acte qui serait maintenant jugé criminel. « Si l’apartheid criminalisait toute forme de manifestation politique, la lutte pour la libération politisait les actes criminels », explique Graeme Simpson, directeur général du CSVR.

Afin d’élaborer des stratégies pour renverser la situation, le CSVR a analysé les causes, l’importance et les caractéristiques de la violence en Afrique du Sud à mesure que le pays se démocratisait.

Les 30 membres de l’équipe de recherche ont examiné les caractéristiques et l’importance de la violence en Afrique du Sud pendant la période de transition entre l’apartheid et la démocratie. Ils se sont intéressés à six champs d’étude : la violence dictée par la vengeance et l’autodéfense, les ex-combattants, les étrangers (immigrants), les foyers et leurs résidents, les forces de sécurité publique, et les militants pour la démocratie et leur famille. La Violence and Transition Series en est le résultat. Ces rapports distincts quoique connexes traitent de la violence au cours de la période allant de 1980 à 2000.

Une population brandissant les bâtons contre une autre tribu comme ici contre les autres frères immigrés, cette image n'est pas l'apanage des seuls Sud-Africains sur notre Continent

Criminalité, vérité et réconciliation

Selon Simpson, le passage de l’Afrique du Sud à la démocratie pluripartite a fait naître dans les esprits l’idée qu’il existe deux sortes d’actes criminels : ceux qui sont politiques et ceux dont la nature est purement criminelle. Cette idée, dit-il, la Truth and Reconciliation Commission (TRC) sud-africaine l’a consacrée en définissant la violence politique en fonction de la situation des différents partis ou mouvements politiques. La TRC avait été chargée par le gouvernement Mandela d’enquêter au milieu des années 90 sur les atrocités commises à l’époque de l’apartheid et de trouver des coupables. Elle a amnistié les personnes passées aux aveux complets capables de prouver que leurs actes avaient servi une quelconque cause politique. Ce qu’on l’on souhaitait, c’était apaiser les esprits et prévenir de nouveaux cycles de querelles raciales et ethniques.

La TRC, poursuit Wilson, a sanctionné une « forme privilégiée de violence » en accordant parfois l’immunité à des personnes qui, malgré leur intention criminelle, pouvaient établir un lien entre leur acte, par exemple un meurtre, et une organisation politique. Les personnes ayant demandé à être entendues par la Commission étaient en majorité des criminels reconnus et incarcérés.

Sur ce mur tagué par les négrophobes, on peut lire la liste des pays africains suivants:

MOZAMBIQUE

NAMIBIA

NIGERIA

SENEGAL

SOMALIA

SWAZILAND

TANZANIA

RWANDA

UGANDA

ZAMBIA

ZIMBABWE

Une crise nationale

Les stratégies de lutte contre la criminalité avec violence ne tiennent pas compte de la complexité de la situation sociale, estime Simpson. « Les gens s’imaginent qu’il suffit de s’entendre sur le plan politique, de démocratiser les structures gouvernementales et d’adopter un programme de développement pour redresser la situation de la violence dans la société sud-africaine. »

Dans ce pays où la répartition de la richesse est une des plus inégales au monde — les centres commerciaux rutilants y côtoient les townships insalubres —, l’enjeu de la lutte contre l’apartheid était tout autant l’accès équitable aux ressources économiques que l’accès au pouvoir politique.

Or, même dans la nouvelle Afrique du Sud pluriraciale, peu de chances s’offrent aux jeunes sur les plans social et économique. Le ministre sud-africain du Travail a récemment qualifié la situation du chômage chez les jeunes de crise nationale, la proportion de jeunes diplômés incapables de se trouver un emploi atteignant les 60 %.

Être pauvre dans un pays riche donne envie d’avoir une vie aisée — ou, pour certains, de se tourner vers le crime.

Le prestige et les privilèges

Aux yeux d’un nombre peu important quoique non négligeable de jeunes exclus, l’attrait du crime tient aussi à d’autres facteurs. En Afrique du Sud, le criminel professionnel se trouve plongé dans une culture particulière — un réseau aux multiples ramifications qui possède ses propres symboles et son propre langage. Les jeunes hommes qui décident de vivre dans la criminalité disent qu’ils « s’en vont prendre leur service ». Leur façon de s’exprimer montre que le crime est considéré comme un moyen d’acquérir prestige et privilèges. D’un certain point de vue, l’appartenance à un gang est l’expression de la débrouillardise des jeunes, un genre de réaction à l’exclusion sociale.

« Le milieu du crime possède sa propre hiérarchie, explique Tjovito, un jeune interviewé par le CSVR. Vous grimpez les échelons un à un jusqu’à ce que vous fassiez des affaires qui rapportent vraiment gros. Une fois parvenu au sommet, vous inspirez le respect, un peu comme si vous transigiez à la bourse de Johannesburg. »

« Pour cerner les caractéristiques de la violence en Afrique du Sud, il importe de bien connaître l’exclusion », juge Simpson.

Le CSVR a donc entrepris d’intervenir sur différents plans en créant par exemple un bureau d’aide aux réfugiés, des projets sur les rapports raciaux, la violence et la réconciliation, des groupes de soutien thérapeutique aux ex-combattants, des programmes de prévention de la violence dans les écoles, et des projets d’initiatives jeunesse. La recherche sur les ex-combattants a permis d’élaborer un projet pilote en facilitant notamment la prise en compte des besoins de soutien psycho-social dans la stratégie de démobilisation. À cet égard, Sasha Gear, auteur du rapport de recherche, a présenté des exposés au comité de la démobilisation, et le Military Veterans Advisory Board a sollicité ses avis. Étant donné que le « problème » des anciens combattants commence à peine à retenir l’attention, il est un peu tôt pour prédire quels seront les résultats de ces interventions, précise Simpson.

À partir de la recherche sur l’autodéfense, le CSVR a également proposé au Gauteng Department of Safety and Liaison de faire un examen approfondi de la situation locale de la violence des justiciers.

« Cette recherche indispensable a aidé le CSVR à élaborer des stratégies générales de consolidation d’une paix durable et de réconciliation dans le cadre aussi bien de nos projets pilotes d’action locale que de nos interventions d’orientation et d’éducation du public, ajoute Simpson. Nous avons beaucoup appris au sujet des constantes et des variantes de l’évolution de la violence dans les démocraties embryonnaires ou les sociétés qui viennent de connaître une guerre civile intense. Ces leçons, nous les avons intégrées dans la façon bien à nous dont nous abordons la prévention de la violence et la consolidation de la paix. »

Lorsqu'un policier commence à utiliser l'extincteur pour sauver la vie d'un citoyen devenu une torche vivante à cause de la haine et de la méchanceté humaine, la société Sud-Africaine doit s'interroger sur son présent et son avenir, son passé étant déjà connu

Publicité
Commentaires
Publicité
Publicité